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Article Parisien

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Adoubé par Anne Hidalgo, Rémi Féraud veut « transformer tous les quartiers de Paris en zone à trafic limité »

Dans la foulée du renoncement de la maire (PS) de la capitale, le sénateur de Paris officialise sa candidature et précise au Parisien le projet qu’il veut porter en vue des élections municipales de 2026.

Il est resté dans l’ombre de la maire de longues semaines. Discret. En attendant qu’Anne Hidalgo dévoile enfin sa décision de ne pas briguer un troisième mandat pour se dévoiler à son tour. Le sénateur (PS) et président du groupe majoritaire au Conseil de Paris Rémi Féraud annonce au Parisien être candidat aux municipales 2026 dans la capitale, ce qui doit passer d’abord par l’investiture de son parti.

Dans le sillage de l’élue socialiste, le prétendant au fauteuil de maire souhaite poursuivre le vaste chantier de la réduction de la place de la voiture, en généralisant notamment la zone à trafic limité à l’ensemble de la capitale. Pour cela, il pourra compter sur le soutien de la maire sortante, qui l’accompagnera, ce jeudi, pour son premier déplacement.

La maire de Paris vous a apporté un soutien clair. Quel est le sens de votre candidature et quand avez-vous pris votre décision ?

RÉMI FÉRAUD. Je suis candidat pour que la gauche gagne et que Paris ne revienne pas en arrière. Ma décision, je l’ai prise cet été, avant d’en parler, après les Jeux olympiques, avec Anne Hidalgo lorsqu’elle m’a indiqué qu’elle ne souhaitait pas se représenter. L’important, c’est d’être le bon candidat au bon moment.

Vos détracteurs vous reprochent déjà d’être l’héritier d’Anne Hidalgo…

Chaque élection est une nouvelle conquête. Ce n’est pas une question d’héritage. Ce qui est essentiel pour réussir, c’est la transmission.

Pour conserver les clés de la Ville, il va falloir parvenir à rassembler toutes les composantes de la gauche. Comment ?

Mon objectif, c’est de rassembler l’ensemble de la majorité municipale actuelle : les socialistes, les communistes, Place Publique, les Verts et la société civile parisienne. Chaque élection a montré depuis 2001 que c’était un ou une socialiste qui était le mieux à même de faire ce rassemblement.

Comment appréhendez-vous le duel qui se profile au PS face à l’ancien premier adjoint Emmanuel Grégoire, lui aussi candidat à l’investiture ?

Je ne me situe pas dans une logique de confrontation. Notre relation, depuis une quinzaine d’années, est une relation amicale. Aujourd’hui député, en cas de législatives anticipées, il devra être candidat dans sa circonscription. Il faut faire des choix.

Selon le dernier sondage Ipsos pour Le Parisien - Aujourd’hui en France, vous souffrez d’un déficit de notoriété. Comment y remédier ?

Avant d’être connu, on n’est pas connu. Une campagne est faite pour se faire connaître. Au départ, nous sommes nombreux à être assez peu identifiés politiquement par les Parisiens, sauf dans nos arrondissements ou dans nos circonscriptions. On disait la même chose de Bertrand Delanoë comme d’Anne Hidalgo avant leurs élections. Je constate que toutes les « stars » qui se sont présentées à l’élection municipale à Paris depuis 2001 ont échoué.

Vous, maire de Paris, quels seront les grands axes qui devront structurer votre projet ?

Je suis fier de tout ce que nous avons fait. Nous avons toujours réussi à nous renouveler, en 2008, en 2014, en 2020. C’est donc le défi pour 2026. Il reste encore un périphérique à transformer en un boulevard urbain, à faire de tout Paris une ville jardin, à transformer tous les quartiers de Paris en zone à trafic limité, c’est-à-dire qui ne soient pas traversés par des voitures qui sont uniquement en transit…

Faire de tous les quartiers de Paris des ZTL, cela veut dire quoi concrètement ?

Comme pour ce qui se met en place pour le centre de Paris, il faut qu’on ne traverse plus en voiture la ville si on n’a pas à y aller. Il faut que chaque quartier de Paris bénéficie de cette nouvelle approche de la circulation automobile, en conservant des axes structurants, évidemment. Il nous faudra certainement dix ans, c’est le moment de commencer.

Les Parisiens expriment un mécontentement sur des thématiques du quotidien comme la propreté, la sécurité…

On fait beaucoup parler les Parisiens mais je crois qu’ils savent reconnaître la pertinence de la politique municipale. C’est ce qu’ils ont exprimé à chaque élection, malgré des campagnes extrêmement dures. Sur la sécurité, le préfet de police a dit lui-même que la délinquance était en baisse. Sur la propreté, des investissements et des recrutements ont permis d’améliorer la situation. C’est cela qu’il faut prolonger.

Quelle serait votre méthode ?

Il faut toujours plus de démocratie, plus de participation des citoyens. Ce sera aussi poursuivre la végétalisation de la Ville, aller plus vite. C’est aussi une politique sociale qui se renouvelle : nous sommes à 25 % de logements sociaux. C’est grâce à cette action que Paris est resté une ville populaire. Il faut maintenant rendre aux Parisiens une grande part des 250 000 appartements qui sont vides ou des résidences secondaires pour loger tous ceux qui ont vocation à vivre, travailler ou étudier à Paris. Il faut soutenir davantage les familles monoparentales qui représentent un tiers des familles parisiennes.

Anne Hidalgo a parfois été jugée clivante par ses opposants, comment apaiser cette ville fracturée pour certains ?

Qu’une politique soit clivante parce qu’elle fait des choix, tant mieux. Dans ce cas-là, je compte bien être clivant.

L’Ouest et l’Est parisiens semblent pourtant opposés sur de nombreux domaines.

J’aime tous les arrondissements et tous les quartiers de Paris. Mon projet s’adressera à l’ensemble de Paris. Notre bilan en est la preuve, nous avons transformé et rendu magnifiques la porte de la Chapelle (au nord) et la porte Maillot (à l’ouest).

Toutes ces politiques menées ont un coût. La dette croît. Quelle trajectoire financière visez-vous ?

Il faut arrêter d’affoler avec de faux chiffres. Le problème, ce sont les finances de l’État, pas celles de la Ville. Ce qui est certain, c’est que les Parisiens doivent pouvoir bénéficier de l’attractivité économique et touristique de leur ville. Par exemple, en augmentant la taxe de séjour dans les palaces qui est extrêmement basse. De manière générale, il va falloir permettre aux collectivités locales de trouver de nouvelles ressources. Car les dépenses de fonctionnement ne sont pas du train de vie mais du service public municipal.

Beaucoup espéraient un match Hidalgo-Dati. Êtes-vous prêts à cet éventuel face à Rachida Dati ?

On ne choisit pas ses adversaires. Aucun ne me fait peur.